13 juin 2023

Pharmacie : ces médicaments toujours en rupture de stock

Emmanuel Macron doit présenter ce mardi 13 juin un plan de relocalisation de la production de médicaments en France, afin de faire face à des pénuries structurelles sur des produits importés, des antibiotiques au paracétamol.

Comment atténuer, et à terme, éviter les pénuries de médicaments ? Ce mardi 13 juin, Emmanuel Macron va essayer d’apporter des réponses. En visite sur le site du laboratoire pharmaceutique Aguettant à Champagne, en Ardèche, le président doit présenter un plan de relocalisation de la production de médicaments en France, afin de faire face à des pénuries structurelles sur des produits importés, dont le paracétamol ainsi qu’une majeure partie des antibiotiques.

"Comme nous l’avait déjà enseigné la crise du Covid, déléguer à d’autres la production de nos produits pharmaceutiques essentiels est une impasse pour le pays", a relevé mardi le chef de l’Etat, selon un texte transmis à l’Agence France Presse par l’Elysée.

37 % des Français récemment confrontés à des pénuries

Des antibiotiques au paracétamol et des antiépileptiques jusqu’aux anticancéreux… De plus en plus de médicaments viennent à manquer dans les pharmacies et hôpitaux en France, suscitant une inquiétude croissante de divers acteurs. Selon une étude BVA réalisée pour France Assos Santé en mars 2023, 37 % des Français ont été confrontés à des pénuries en pharmacie, souligne ainsi l’Elysée. Soit un Français sur quatre.

En mai dernier, la journaliste de France Inter Giulia Foïs s’était emparée du sujet poussant un cri d’alarme sur Twitter face à l’impossibilité d’obtenir un médicament pour son fils.

Imaginez. Votre gamin fait des crises d’épilepsie, sauf quand il prend du Sabril. Imaginez. Le Sabril est en rupture de stock depuis des semaines et votre boîte est bientôt vide. Imaginez. Dis, @SanofiFR, tu nous raconte la suite de cette bien belle histoire ?

Mais le Sabril est loin d’être le seul produit pharmaceutique essentiel en tension d’approvisionnement. Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament, 3 747 signalements de tensions d’approvisionnement et de ruptures de stocks ont été enregistrés l’an dernier. "Pour 52 % d’entre elles, il n’y a aucune date de retour à la normale annoncée par le fabricant", explique William Feys, de l’Observatoire de la Transparence dans les Politiques du Médicament (OTMeds), dans les colonnes de nos confrères de L’Obs. Les approvisionnements pour les réactifs de dépistages de maladies sexuellement transmissibles se font eux aussi rares. "Aux urgences, l’Actilyse, le seul fluidifiant pour traiter l’AVC, manque. Tout comme le bélatacept, un médicament qui évite le rejet de greffe", s’indigne Catherine Simonin, représentante des usagers de santé à France Assos Santé et administratrice de la Ligue contre le Cancer, toujours dans L’Obs.

Les pénuries de médicaments ne sont pas une nouveauté, elles se sont toutefois largement aggravées ces deux dernières années. Aujourd’hui, on constate plus du double des déclarations de pénuries dénombrées trois ans auparavant. Fin décembre, une pénurie d’amoxicilline avait touché l’Hexagone, forçant les pharmacies habilitées à fabriquer elles-mêmes cet antibiotique pour les enfants.

Des listes de "médicaments critiques" pour s’en sortir

Une problématique en partie liée à une trop grande dépendance de l’étranger. La France dépend à hauteur de 60 à 80 % des importations, notamment de la Chine, pour la production de médicaments dits matures (antibiotiques, produits d’anesthésie…), un seuil qui grimpe à 95 % pour les biomédicaments. Pour répondre à ces pénuries, une liste de 281 médicaments "critiques", dont la production est susceptible d’être relocalisée, a été remise à François Braun à la mi-mai. Mais elle n’est toujours pas publiée, suscitant de nombreuses attentes dans le secteur. Le président devrait apporter mardi des précisions sur son contenu.

Dans ce processus de réindustrialisation dans le secteur du médicament, une centaine de projets labellisés France Relance, dont une quarantaine pour des relocalisations, sont en cours. Parmi les plus emblématiques, celui de l’entreprise Seqens en Isère. Un investissement de 100 millions d’euros investis pour relancer la production de paracétamol.

Le 25 mai dernier, Roland Lescure, le ministre délégué chargé de l’Industrie, était auditionné par la commission d’enquête sur les pénuries de médicaments, au Sénat. "Il faut que l’on arrive à forcer les industriels à faire de la production en France", avait-il indiqué. "Mon objectif stratégique est de s’assurer que l’on ait un solde positif, que l’on ouvre plus d’usines en France que l’on en ferme", a expliqué le ministre, qui sera aux côtés d’Emmanuel Macron à Champagne.

Par C.C. et M.B.

https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sante/pharmacie-ces-medicaments-toujours-en-rupture-de-stock-PIMNYLOW7JC2ZAVTDBSSBJXZRI/

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